Témoignage

Témoignage d’une survivante

«Quand j’étais petite, j’ai vécu des choses atroces… J’ai vécu la souffrance lié au viol, à l’inceste et à plusieurs autres agressions… À ce moment, je ne vivais pas. J’ai voulu me suicidé, j’ai essayé de me détruire en me coupant sur les bras et les jambes. Je vivais tous les jours dans la peur, la honte, la culpabilité et on me disait de fermer ma boîte. À ce moment, je ne pouvais pas m’en sortir car je n’existais simplement pas. Avant de venir au CALACS, je souffrais terriblement. J’ai vu le début d’une guérison lorsque j’ai repris contact avec mon enfant intérieur.

Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir pris cette petite fille en charge. Cette petite fille c’est moi… que j’avais refusé d’aider car ça faisait trop mal…Maintenant je suis fière. Je suis en parti guéris …même si je sais que je dois encore travailler sur moi, je vois tout le cheminement que j’ai fait. Je crois que la clé, c’est de parler.

Parler à une intervenante du CALACS m’a fait énormément de bien, j’ai pu me vider le cœur et j’étais crue et écouté.

Je me sens aujourd’hui plus libéré de tout ça… je me sens moins coupable.»

Anonyme

 

S’occuper pour oublier

«Dès que je fus en âge de lire, j’ai commencé à m’évader dans les livres afin d’échapper aux cauchemars que je vivais. À 8-9 ans, je lisais facilement six livres par semaine. J’ai fuis dans les études, les devoirs, m’astreignant à en faire toujours plus : exercices facultatifs, exercices pour « mordus », prendre de l’avance, cours supplémentaires à ma grille horaire (j’allais dans une école alternative).

Lorsque je fus sur le marché du travail, ce ne fut pas long avant que je me trouve un emploi à temps partiel de soir et un autre la fin de semaine en plus de mon travail à temps plein de jour et des études. J’étais un vraie « workaholic ». Lorsque la période des vacances arrivait, j’avais l’impression de tomber dans un grand vide. Je devenais triste, apathique et je n’avais pas le goût de me faire à manger.

Cela a duré quelques années jusqu’à ce que je trouve la solution : m’apporter du travail à la maison et faire des petits voyages avec un itinéraire et un horaire bien chargés. Je suis en arrêt de travail depuis près de un an et demi. Pendant les six premiers mois, j’accomplissais du travail à la maison pour la personne qui me remplaçait ; j’étais incapable de décrocher.

Puis en thérapie, j’ai compris comment ma compulsion dans « le faire » me permettait de fuir mon passé d’agressions. J’essaie de changer mais ce n’est pas simple car mon travail était TOUTE MA VIE, en fait, ma soupape pour oublier, ne pas penser.

Maintenant, j’apprends à faire face à mon histoire et à répartir de façon plus équilibrée mon temps dans les différentes sphères de ma vie»

 

Sylvie

Contrôler pour me sentir en sécurité

«J’ai vécu l’inceste depuis le bas âge. Toute jeune, je tentais de demeurer éveillée espérant que je pourrais ainsi empêcher le conjoint de ma mère de m’agresser. Depuis, je ne dors que sur une oreille, toujours sur le qui-vive. À la maison, j’essayais d’être occupée ou de ne pas être visible afin qu’il ne me demande pas de l’accompagner faire des courses. Je savais ce qui m’attendait. J’étais attentive à tous ses déplacements et essayais de prévoir ses attaques. J’ai développé de l’hypervigilance et commencé à contrôler mon environnement. Je me sentais en sécurité- du moins davantage- lorsque j’observais tout ce qui se passait (pour essayer de me prévenir d’une éventuelle agression), que je suivais les déplacements de tous et chacun et que je planifiais mon temps, mon travail.

Sans m’en apercevoir, j’ai commencé aussi à considérer que les objets devaient se trouver à l’endroit qui leur était attitré. Et moi aussi, je devais obéir à « cette loi », donc faire ce que je devais faire (essayer d’être parfaite) et rester à ma place (donc passer inaperçue). Inconsciemment, je désirais que les choses soient à leur place, que je sois à ma place et que l’agresseur soit à sa place c’est-à- dire qu’il remplisse son rôle soit celui de me protéger plutôt que de m’agresser. J’avais aussi l’impression que si je me laissais aller au plaisir, à manger, à prendre UN verre, à sortir, à m’amuser que je perdrais le contrôle comme mon agresseur. Alors je me contrôlais et ne me permettais pas grand chose.

Sans m’en rendre compte tous ces comportements sont devenus des automatismes. Je vivais très mal l’imprévu, les changements ; j’avais appris jeune que ne pas savoir ce qui m’attendait était dangereux. Je faisais tout pour ne pas me sentir prise au dépourvu, sans ressource. Ne pas trouver, ne pas savoir quoi faire, suscitait du stress. Je prévoyais donc une dizaine de scénarios lorsqu’une situation particulière ou problématique survenait. Peu à peu, je fis de moins en moins de place à l’instant présent, au besoin ou au désir du moment.

Je travaille très fort actuellement afin d’être moins à l’affût d’un potentiel danger, de moins tout planifier, de me laisser des temps libres, des espaces où je peux vivre au gré du moment.»

Louise

 

Passage: De la survie à la confiance à la vie

«Je suis ce qu’on appelle une survivante d’inceste, et pour survivre aux multiples sévices que mon père me faisait subir j’ai développé un mécanisme de protection : l’oubli. Ma façon à moi de survivre a été de tout effacer, je n’avais plus aucun souvenir de cette partie de mon enfance. Tous les souvenirs de mon père étaient beaux et élogieux (comme il se doit) jusqu’au jour où mon fils âgé de quatre ans m’a dit : « Je ne veux plus que grand-papa nous garde…». Je lui ai demandé pourquoi? Il m’a répondu : «Je ne veux plus jouer avec son pénis ». A l’âge de 28 ans, j’ai dû affronter cette situation et en même temps, les souvenirs ont commencé à faire surface. J’ai eu un peu d’aide, pas autant que j’aurais voulu et tant bien que mal, ma petite famille a repris une vie « normale » … en tenant le grand-père à l’ écart.

Lorsque mes enfants, à l’âge adulte, ont quitté la maison, je me suis mise à boire pour oublier … Oublier mon échec face à mes enfants, oublier mon manque de capacité à régler cette situation qui passait son temps à revenir me hanter. Après avoir atteint mon bas fond dans l’alcool, j’ai décidé de faire face à mes fantômes. J’ai entrepris une démarche par rapport à l’alcool ce qui m’a permis de comprendre pourquoi je buvais. J’ai compris qu’une grosse partie de mon alcoolisme était reliée à mon enfance. Je croyais avoir réglé tout ça lorsque les enfants étaient petits, mais en allant aux rencontre du CALACS, j’ai vu a quel point il me restait du cheminement à faire.

C’est dans un groupe, avec d’autres femmes victimes d’agression sexuelle que j’ai fait face à mes fantômes, avec des intervenantes qui ont de l’expérience dans ce genre de dynamique. Je sais, aujourd’hui, qu’il me reste encore des choses à approfondir telles que : l’amour, la colère, la sexualité et le pardon (le mien et celui des autres). Je ne suis pas seule pour décortiquer tout cela, je suis accompagnée.

Maintenant, j’ai confiance en moi et en la vie.»

 

Chantal

Apprendre à vivre sainement ma sexualité

«Quand j’avais 14 ans, j’ai rencontré un garçon de mon école qui venait tout juste d’arriver dans le village. Nous avons commencé à sortir ensemble et après 3 semaines, il m’a forcé à avoir une relation sexuelle avec lui. Pour me protéger et protéger les autres, j’ai fait comme si rien ne s’était passé. J’ai nié la réalité jusqu’au jour où une fille de ma nouvelle école s’est confiée sur des agressions que son copain lui faisait vivre. J’ai à ce moment là compris que je ne devais pas avoir honte d’en parler et même qu’au contraire, cela pourrait aider d’autres filles.

Pendant des années, j’ai été très insécure dans les relations. Mon agresseur avait dit à tout le monde que nous avions eu une relation sexuelle et que j’avais été « nulle au lit ». J’ai donc décidé de me prouver le contraire, sans m’en rendre compte, en multipliant les relations avec divers garçons. Je ne me suis jamais prostitué, mais j’ai déjà « acheté la paix ». Chez moi, il y avait beaucoup de tension et pour sortir de la maison, j’allais coucher chez des hommes, parfois plus âgés, pour ne pas être chez mes parents. J’ai compris que j’essayais de me faire aimer à travers la sexualité et que je me servais beaucoup de cela pour avoir le contrôle sur mes copains. J’ai été chanceuse de ne pas contracter aucune maladie et de ne jamais tomber enceinte.

Pendant cette période, la sexualité me donnait confiance en moi. J’avais de l’attention et j’étais désirée parce que je performais. J’ai aussi eu la réputation de femme très « cochonne ». Aujourd’hui, je me rends compte que cela aurait pu me nuire grandement et que j’ai été chanceuse de tomber en amour avec un homme qui m’aimait vraiment. Ma thérapie à été de rencontrer le vrai amour et de faire face à moi-même après un burn-out. J’ai pu comprendre mes comportements et j’ai su changer. Je dois avouer que cela à été très dur, mais qu’aujourd’hui, je suis sortie grandie.

Aujourd’hui, à 25 ans, je suis maman d’un garçon et enceinte d’un deuxième bébé. J’espère réussir à faire de la prévention auprès de mes enfants et leurs amis; comme ça, j’aurai repris le pouvoir.

Mon expérience servira à d’autres personnes et je pourrai leur montrer que c’est possible de s’en sortir.»

Lilly

 

LA POÉSIE … POUR LIBÉRER SON COEUR

«A celles qui ont trop souffert … qui ont subi trop de violence!

Dans leur âme … dans leur cœur … dans leur corps …

La peur, la honte, la culpabilité …

Trop de mots sur elles, injustement reportés!

Ils leur ont imposé le silence,

Ils les ont menacées, maltraitées,

Abusées de leur confiance!

Dans la solitude de leur chambre, trop de larmes ont été versées.

Dans la répétition de leurs cauchemars trop d’images se sont imposées.

Dans le silence de leur cœur, trop de mots ont été étouffés …

Mais tant de qualités cachées, tant d’espoirs non encore révélés.

Trop d’heures passées pour tenter d’effacer des souvenirs de violence d’injustice, de lâcheté…

Elles se sont senties humiliées, écrasées ,rabaissées…

Alors qu’elles ne méritent que d’être consolées, rassurées, RESPECTÉES!!!

Dans leur tête un labyrinthe de questions…mais pourtant un seul Coupable! pas d’autres explications!!!

Se sentir attacher, ne plus pouvoir bouger et ne pas pouvoir se sauver de cette horreur, ne pas avoir la force de le pousser et de le frapper…alors que lui en a énormément pour les blesser gravement physiquement et psychologiquement… Lui il les oubliera… Mais pour elles, son visage sera gravé a jamais dans leur esprit…

Elles se sont détestées…quand on ne pouvait que les aimer!!! Elles ont caché Tant de soupirs…Un enfant n’est pas condamné au silence…Un enfant n’est Pas né pour être victime de violences!!!

Trop de victimes innocentes se couvrent de secrets des gestes Inqualifiables… dont lui seul est responsable. Il a assombri son passé et Hante nombreuses de ses journées…

Mais elles ne le laisseront pas gagner!

Car elles ont toutes leur dignité! Un courage insensé, pour pouvoir vivre Avec le passé…

Aidons-les à sécher leurs larmes,

Aidons-les à trouver de nouvelles armes.

Pour à nouveau trouver l’espoir,

Pour à jamais sortir du noir.

Pour retrouver confiance en elles,

Pour que plus personne ne leur coupe les ailes…

Elles veulent fuir pour oublier…

Partir pour pouvoir respirer…

Mais soyons ces mains tendues qui voudront les aider

Ou ces oreilles ouvertes qui sauront écouter…

Pas de jugement, pas de honte, pas d’incrédulité!

Mais une confiance, une aide, un espoir retrouvé…

Sortir de la prison du passé pour enfin respirer, exister, avec soi-même se Réconcilier, s’accepter…

Réapprendre à s’aimer…soyons des murs solides où elles pourront s’appuyer!

Ne reste plus seule murée dans ton silence…

Regarde autour de toi ceux à qui tu peux faire confiance…

Même si le chemin est long et difficile…

Ne pas lâcher, s’accrocher, même si c’est à un fil…

Regarde devant soi, et écrire son destin…

Ta vie a de la valeur tu n’es pas moins que rien…

Tu as droit au bonheur, il faut croire en demain…

Tout comme un papillon perdu dans l’obscurité,

Tu vas sans aucun doute réapprendre à voler…

Accepte ces phrases qui ne sont que vérité…

De rien tu n’es coupable, tu n’as rien demandé!…

Et devant ton miroir réapprend à t’aimer…»

 

Kim, 14 an

 

Source :

Certains témoignages proviennent de la revue Délivrance tandis que d’autres proviennent de femmes rencontrées. Toutes des survivantes

 

D’autre Témoignage seront disponibles sous peu.