Mythes et préjugés

Mythes et préjugés concernant les victimes

« La meilleure façon pour une femme de se protéger contre les agressions sexuelles est d’éviter de se trouver seule la nuit dans les lieux sombres et déserts ».

En fait :

Environ 80% des agressions sexuelles se produisent à la maison et 49% ont lieu en plein jour. De plus, il y a actuellement une tendance à faire prendre des drogues à la femme (drogue du viol) pour l’agresser sexuellement sans son consentement.

« Les femmes qui sont agressées sexuellement « l’ont bien cherché » par la façon dont elles s’habillent ou se comportent. Le viol n’arrive qu’aux femmes provocantes et faciles ».

En fait :

Aucune femme ne « cherche » à être agressée sexuellement ni ne le mérite. Quels que soient les vêtements qu’elle porte, l’endroit où elle va, sa réputation, son milieu d’origine et quelle que soit la personne avec qui elle parle, quand elle dit « non », c’est « non ». De plus, toutes les femmes peuvent être agressées sexuellement quels que soit leur âge, leur type physique ou leur façon de s’habiller. Il n’existe aucun critère objectif pour déterminer si une femme est « facile » ou « provocante ». Les femmes ont le droit de marcher seules dans la rue, de vivre seules en appartement, de sortir seules dans des endroits publics, de s’habiller comme elles le veulent, d’inviter un homme chez elle, sans que les hommes ne se donnent le droit de les agresser. Les hommes et les femmes ont le goût de plaire et c’est normal. Cela ne veut pas dire pour autant que les femmes désirent se faire agresser.

 

 « Une femme non consentante ne peut pas se faire violer ».

En fait :

L’agression sexuelle est un acte qui vise à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite. La victime n’a donc pas le choix, 83% des agresseurs portent une arme ou menacent la femme de violence ou de mort et 35% des agressions sexuelles sont commises par deux hommes et plus. Si les femmes ne se défendent pas, c’est qu’elles ont peur d’être battues ou de mourir.

« La plupart du temps, les femmes portent des plaintes non fondées, fausses, injustifiées ou motivées par la vengeance ».

En fait :

Les femmes font rarement de faux rapports au sujet de l’agression sexuelle. Ce qui est vrai, c’est que l’agression sexuelle est un crime extrêmement sous déclaré. D’après Statistique Canada, seulement 6% de toutes les agressions sexuelles et seulement 1% des viols perpétrés par une personne connue de la victime, sont rapportés à la police.

« Faire comme si de rien n’était permet de faire cesser le harcèlement sexuel ».

En fait :

Le fait de ne pas réagir aggrave la situation car l’agresseur comprendra que la femme approuve, qu’elle hésite ou qu’elle a peur de refuser. Il est important d’exprimer clairement son non consentement. L’agresseur ne s’attend pas à ce que la victime résiste. Certaines femmes ont réussi à éviter l’agression sexuelle en résistant. De plus, les victimes qui s’opposent verbalement ou physiquement sont généralement moins déprimées par la suite.

« Les femmes éprouvent du plaisir à être violées et plusieurs femmes ont des fantasmes de viol ».

En fait :

L’idée que les victimes pourraient jouir de rapports sexuels forcés est totalement fausse. C’est confondre agression sexuelle et sexualité. Certaines femmes peuvent avoir des fantasmes de viol mais ce n’est pas du tout une cause d’agression sexuelle. Fantasme n’égale pas réalité. Dire que les femmes aiment se faire violer est un mythe inventé par des hommes pour se déculpabiliser.

« L’impact de l’agression sexuelle est lié de façon directe au fait qu’il y ait eu pénétration ou non ».

En fait :

Tous les types d’agression sexuelle peuvent avoir de graves conséquences sur la santé et le bien-être d’une personne. La grande majorité des incidents d’agression sexuelle ont des répercussions psychologiques importantes sur la victime.
Mythes et préjugés concernant les enfants

« Les enfants inventent l’agression sexuelle pour attirer l’attention ou se venger ».

En fait :

La plupart des enfants agressés ne disent jamais rien à personne. Dans certains cas, les enfants ne possèdent même pas l’information nécessaire pour inventer des histoires d’agression sexuelle. Révéler une agression sexuelle est une épreuve pour un enfant.

« Certains enfants sont pervers ».

En fait :

Si un enfant a un comportement sexuel inadéquat, c’est peut-être qu’il a été victime d’une agression à caractère sexuel. L’enfant n’est jamais responsable d’une agression sexuelle. Il ne peut légalement consentir ni ne peut forcer un adulte à avoir des activités sexuelles avec lui. Les adultes qui prétendent qu’un enfant les a séduits ont recours à une excuse qui passe sous silence le fait que des adultes sont plus grands, plus forts, disposent de plus d’informations, de pouvoir et d’autorité que les enfants.

« Il arrive dans certains cas que les enfants éprouvent du plaisir physique lors des agressions ».

En fait :

L’existence du plaisir sexuel est un fait établi malgré le fait que ce sujet soit très tabou. La personne n’a pas de contrôle sur la réponse physiologique. Le corps est fait pour aimer la sexualité et pour répondre aux stimulations. L’excitation sexuelle est automatique, c’est une réponse réflexe du corps. Le fait d’avoir ressenti du plaisir physique accentue les effets désastreux de l’agression ainsi que la culpabilité et la honte qui s’ensuivent. Les sensations physiques plaisantes sont incompatibles avec la répugnance intellectuelle de la victime vis-à-vis des actes sexuels qu’on lui impose. La personne apprend à se dissocier de son corps pour survivre à ces atrocités et en vient à éprouver de la haine pour ce corps qui les a trahi. Cela peut aussi créer une ambiguïté des sentiments, i.e. aimer et haïr tout à la fois.
Mythes et préjugés concernant les agresseurs

« Les hommes qui agressent sexuellement les femmes sont soit des malades mentaux, ont des pulsions sexuelles irrépressibles ou sont en état de manque sexuel ».

En fait :

Les recherches sur le profil des auteurs de viol indiquent qu’ils semblent « ordinaires » et « normaux » et qu’ils agressent sexuellement les femmes pour affirmer leur emprise et leur pouvoir sur elles; 97% des agresseurs sont considérés comme normaux. Les hommes capables d’agression sexuelle sont de tous les âges et viennent de tous les groupes économiques, ethniques, raciaux et sociaux. Ils peuvent être des médecins, des enseignants, des employeurs, des collègues, des avocats, des parents ou des conjoints ayant des rapports sexuels fréquents. Toute personne est capable de contrôler ses actes et devrait avoir des activités sexuelles sans violence ni contrainte.

« Le harcèlement sexuel est un phénomène naturel du comportement humain. Il se distingue difficilement du flirt ».

En fait :

Cette attitude résulte d’un conditionnement social où les femmes sont considérées comme étant inférieures aux hommes. Lorsqu’il y a non consentement, il s’agit de harcèlement.

« Les agressions sexuelles sont le plus souvent commises par des inconnus ».

En fait :

Les femmes et les enfants sont exposés à un risque élevé d’agression sexuelle par des hommes qu’ils connaissent. Selon les études (Ministère de la Sécurité publique, 2002; Statistique Canada, 1999) 33% des victimes d’agressions sexuelles de 18 ans et plus, ont été agressés par un ami ou une personne de leur entourage et 25% l’ont été par un membre de leur famille. Dans 70 à 80% des cas, l’agresseur est connu de la victime. Ces agressions sexuelles sont des crimes au même titre que celles qui sont commises par des inconnus.

« Les femmes ne peuvent pas être agressées sexuellement par leur mari ou leur ami ».

En fait :

Aux termes de la loi, la femme a le droit de dire non à toutes formes de rapports sexuels, même au sein d’une relation de couple. Les agressions perpétrées par les partenaires ont des effets négatifs à long terme sur les femmes et les conséquences traumatisantes de l’incident peuvent être encore plus graves pour elles que si l’auteur était une personne autre que le conjoint.

« Les agressions sexuelles ont toujours lieu dans un contexte de consommation d’alcool ou de drogue ».

En fait :

L’agresseur est le seul responsable de ses actes et aucun élément extérieur, comme l’usage d’alcool ou de drogue, ne peut l’excuser ou justifier ses actes.

« Une bonne mère sait si son enfant est agressé sexuellement ».

En fait :

La plupart des mères ne le savent pas. L’agresseur travaille fort à protéger son secret. Il peut saboter la relation mère/enfant pour que celui-ci se tourne moins vers sa mère pour obtenir réconfort et aide et pour qu’il lui fasse moins confiance. L’agresseur offrira des explications qui justifient le comportement de l’enfant pour arriver à se protéger. De plus, les mères qui tentent de protéger leurs enfants font souvent face à des obstacles incroyables au niveau social et juridique.